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31 mai 2016 2 31 /05 /mai /2016 20:08
LA SAGA DU SORCELEUR [Romans]

Il y a 1 an sortait The Witcher III: Wild Hunt, une tuerie monumentale du RPG provoquant un choc dans le standard qualité du genre en matière de contenu. Voilà un titre qui n'a pas finit de hanter mes souvenirs pour le meilleur et... le meilleur.  Mais avant de devenir un RPG surpuissant, la licence du sorceleur c'était avant tout des romans.

 

A l'occasion de la sortie de la nouvelle extension "Blood and Wine" permettant de replonger avec délectation, voici la liste de mes critiques pour chacun des 8 romans d'Andrzej Sapkowski. 

 

La saison des orages - note: 7/10 sur Sens Critique

Situé après sa première rencontre avec Yennefer et avant la prise en charge de Ciri, cette nouvelle aventure du sorceleur permet de mettre en scène des personnages inédits sans oublier les connus: bon pied, bon oeil, le fidèle Jaskier est toujours là et on appréciera aussi la présence de Yennefer, quoique réduite au minimum mais se révélant indispensable. Un appui qui confirme le lien fort unissant ce couple terrible.
Le recit se veut rythmé, travaillé permettant à Geralt de bien se mettre en valeur, autant dans ses bons et mauvais côtés. Sa réputation de Don Juan auprès des magiciennes ne faiblit pas non plus. Absence de Ciri oblige et délaissant les destins annexes, Sapkowski profite de ce nouveau roman pour se recentrer essentiellement sur son héros principal et on ne s'en plaindra pas. Néanmoins, l'absence de conflits majeurs rend ce tome plutôt dispensable par rapport aux précédents. Efficace, sans plus.

 

Le dernier voeu - note: 7,5/10 sur Sens Critique

Ce tout premier tome de la célèbre saga fantasy de Sapkowski doit son importance à trois récits charnières dans l'existence de Geralt de Riv:
- "Le Moindre Mal" narre les tragiques événements de la ville de Blaviken où le sorceleur y héritera malgré lui d'une sinistre réputation.
- "Une Question de Prix" décrit les circonstances d'héritage de l'enfant surprise (Ciri) qui reviendra à Geralt lors du banquet royal à Cintra.
- "Le Dernier Voeux" nous fait assister à la première (et tumultueuse) rencontre entre Yennefer et le sorceleur: un récit assez rocambolesque par moment.
Prenant soin de décrire les coutumes et le fonctionnement de son univers impitoyable à travers ce recueil d'histoires courtes, l'écrivain polonais parvient à y rendre attachant la plupart de ses personnages, sans pour autant éviter certains stéréotypes.

 

L'épée de la providence - note: 8/10 sur Sens Critique

Encore sous le format d'un recueil d'histoires courtes, ce second tome des aventures de Geralt de Riv s' attarde sur sa relation complexe avec Yennefer, tout en racontant moult péripéties vécues en compagnie du farfelu Jaskier, barde faisant office de faire-valoir du héros. On peut y retenir l'intéressante traque d'un dragon doré et la touchante rencontre avec Petit-Oeil, une barde connue par Jaskier. Mais ce sont surtout les 2 derniers récits les plus importants évoquant la première rencontre entre Geralt et la princesse Cirilla, alias Ciri. Malgré les nombreux flash-back pouvant porter à confusion, les toutes dernières pages arrivent à se montrer émouvantes grâce à un ultime coup de pouce du destin. Ha, la providence... C'est beau.

 

Le sang des elfes - note: 8,5/10 sur Sens Critique

Le sang des elfes me rassure définitivement d'avoir découvert cet univers d'abord par The Witcher 3 pour ensuite le vivre à travers les romans. Quel plaisir d'arriver à coller un visage sur cette galerie de personnages car pour ce 3e tome, ils sont nombreux: Vesemir, Lambert, Eskel pour les sorceleurs, Yennefer, Ciri, Philippa et surtout Triss Merigold faisant enfin son entrée du côté des magiciennes. Centre de toutes les attentions (y compris de son auteur), Ciri confirme déjà du haut de ses 13 ans son statut de star féminine principale (elle n'est pas encore la beauté au regard vert fatal du RPG) face à laquelle notre cher sorceleur a bien du mal à exister. Pratiquement tout le bouquin est consacré à Ciri et à ses formations de sorceleuse/magicienne. Cela permet de connaître en détail ses premières rencontres avec Triss à Kaer Morhen et surtout Yennefer, sa future tutrice au tremple Nenneke. L'humour est assez présent pour tromper les nombreuses longueurs, comme cette engueulade de Triss envers les sorceleurs, habitués à entraîner des garçons et oubliant maladroitement les indispositions menstruelles de Ciri.
En parallèle, les conflits géopolitiques sont largement traités (mieux avoir une carte pour s' y retrouver) où complots, intérêts troubles, conflits racistes et tentatives de tortures ne ménagent pas leur peine pour nous tenir en haleine. Très bon, malgré les quelques passages à vide que le casting fabuleux se chargera de combler.

 

Le temps du mépris - note: 8,5/10 sur Sens Critique

Ce 4e tome relate le fameux coup d'état de l'île de Thanedd, quartier général des sorciers et magiciennes dont la déconfiture tragique va entrainer la chute définitive de l'ordre de la magie. Un massacre qui va permettre à l'empire nilfgaardien d'entamer sérieusement sa conquête des territoires du nord. Au milieu de ce chaos, les retrouvailles du couple Geralt/Yennefer et le plaisir de la réconciliation vont être de courte durée, obligés de couvrir la fuite de leur "fille" Ciri. Cette dernière privée de son "papa" et sa "maman" va débuter son long chemin de croix où souffrance, captivité et violents cauchemars évoquant la démoniaque chasse sauvage ne vont pas épargner la jeune ado de 14 ans.
D'une intensité encore rarement atteinte depuis le début de la saga, le rythme de ce roman se trouve néanmoins handicapé par son chapitre 6: d'une longueur irraisonnable, le fardeau de Ciri dans le désert aurait pu largement être écourté. On pourrait presque soupçonner chez l'auteur un plaisir sadique à martyriser sa jeune élue au regard vert perçant, juste pour nous faire comprendre ses facultés de divine guerrière alors qu'on les a bien saisies sur le précédent tome (et encore plus si on a bouclé The Witcher 3). Cela dit, on est pressé d'enchainer sur la suite. A signaler parmi les magiciennes, la première apparition de Keira Metz.

 

Le baptême du feu - note: 6/10 sur Sens Critique

Décevant par rapport aux événements lancés par le tome précédent. Alors que ce dernier passait la quatrième vitesse, le baptême du feu rétrograde scandaleusement en seconde position pendant au moins les 2 tiers du bouquin. Geralt s' obstine à vouloir descendre au Sud secourir Ciri à Nilfgaard, or le lecteur sait déjà que c'est une perte de temps. Pour ne rien arranger, ce voyage inutile abuse des longueurs. Seules consolations de cette odyssée en pleine guerre: les rencontres de nouveaux personnages tels que Zoltan, le nain bon vivant et surtout Regis, le chirgurgien-barbier dont sa vraie nature devient vite un secret de polichinelle. Les passages sur la naissance de la Loge des magiciennes sont les plus intéressants. Ciri étant presque inexistante dans ce 5e tome, Geralt retrouve ainsi le premier rôle. Jaskier, lui, est toujours impeccable en faire-valoir du héros. Malgré son casting, ce 5e volume tourne trop en rond et reste l'un des plus faibles de la série. 

 

La tour de l'hirondelle - note: 9,5/10 sur Sens Critique

L'un des meilleurs de la série car peut-être le plus éprouvant. Il narre la transformation physique de Ciri Riannon telle qu'on la connait dans The Witcher III. Déjà, les deux premiers chapitres laissent sans voix. L'introduction de Léo Bonhart a des allures de western, mais à la sauce fantasy horrifique.
A la manière des précédents tomes construits comme un puzzle, le récit switche vite d'une destinée à l'autre pouvant semer une confusion dans la lecture. Recoiffant sa casquette d'auteur tortionnaire, Sapkowski bascule par moment dans le sordide. Le malaise de certains passages est palpable. Et Geralt pendant ce temps? Suite à un mauvais choix dans la précédente aventure lui ayant fait perdre beaucoup de temps (et au lecteur aussi), il patauge encore dans son bourbier et peine à parvenir à son objectif. Ne pouvant compter sur son loup blanc, l'indestructible Ciri alias l'hirondelle passe alors de proie à prédatrice. Le quota de présence entre le héros et l'héroïne est à peu près équilibré sur ce nouveau récit, efficace en conspirations et trahisons politiques. Ah oui, l'embuscade du lac gelé est une séquence fantastique. Rien à redire: cette saga fantasy mérite son succès. 

 

La dame du lac - note: 9/10 sur Sens Critique

Sans surprise, le dernier tome est le plus gros morceau (plus de 650 pages) mais aurait pu être raccourci. Le séjour hivernal du groupe de Geralt à Toussaint cause une grosse longueur au démarrage. Sapkowski alterne comme d'habitude plusieurs destinées où anonymes et héros façonnent progressivement cette aventure éprouvante. Considérée comme un simple objet sexuel par ses poursuivants, Ciri utilise désormais son pouvoir de voyager à travers le temps et les âges pour leur échapper. Ce prétexte permet à l'auteur de se lâcher dans des délires temporels aussi amusants que macabres: Ciri passe ainsi de l'univers des légendes arthuriennes à notre beau pays (la route reliant Melun et Auxerre, oui vous avez bien lu) jouant sans cesse avec l'espace temps des mondes pour semer ces satanés elfes. Mais notre super héroïne est aussi une super poissarde: quitter un enfer pour en rejoindre un autre ne nous surprend même plus. Une tentative de viol de la part d'un cannibale ne pouvait tomber que sur elle forcément, tout comme répandre involontairement une grave maladie dans une époque qui n'avait rien demandé.
La fameuse prophétie du grand froid est longuement évoquée mais il faudra boucler The Witcher 3 pour comprendre l'importance de ce passage. Le clan des magiciennes, faisant la pluie et le beau temps dans l'avenir des contrées, offre toujours de beaux moments de négociations tandis que la description des dernières batailles du conflit sud/nord fait froid dans le dos. Un sentiment qui s' intensifie avec le chapitre 9 offrant le duel tant attendu du couple star Geralt/Ciri face à leurs ennemis mortels. L'assaut sur le château de Stygg est un véritable carnage tandis que la conclusion mystique et désenchantée finit de nous achever.
Déroutant mais cohérent, La Dame du lac offre une transition parfaite avec la trilogie The Witcher, un univers qui ne s' interdit rien et va jusqu'au bout de sa philosophie.

 

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