Les éditions Lumen ont flairé le bon filon avec la licence Final Fantasy. La publication des écrits inédits des scénaristes officiels permettent aux fans de découvrir les épisodes canoniques sous un autre oeil, pour le meilleur mais aussi le pire. Justement en parlant de pire, Lumen s'attaque cette fois-ci au roman maudit de Nojima, le récit implacable qui a provoqué des crises d'indignation et autre levées de boucliers au Japon: le "bienheureux" Final Fantasy X-2.5 ~ Le Prix de l'éternité ~.
Nous verrons bien plus bas pourquoi cette suite directe de Final Fantasy X-2 a provoqué la stupéfaction chez bon nombre d'adeptes de Spira. Après lecture, j'ai eu la même réaction en pensant: "Nojima, qu'as-tu fais?". Ce roublard n'a pas finit de nous faire tourner en bourrique. Mais si le choc et la surprise sont de mise, l'indignation n'a pas lieu d'être car Nojima respecte parfaitement sa création, la mythologie Spira, malgré des choix matures absolument burnés.
Qu'on le veuille ou non, le scénariste enrichit non seulement son univers mais se permet en plus de nous renseigner davantage sur certains peuples/lieux et croyances. Vous rêvez d'en savoir plus sur l'origine des Al Bhed, de l'histoire de Besaid pendant la guerre des machines ou encore sur les Priants (appelés aussi Coeur de Chimère)? Ouvrez donc l'ouvrage, il est fait pour vous mais attention vous n'en sortirez pas indemne.
/!\ Si vous n'avez pas encore lu ~ Le Prix de l'éternité ~, vous pouvez vous arrêtez ici car le ressenti ci-dessous contient plein de spoilers. /!\
Le livre est divisé en 34 chapitres (certains sont très courts!) ressemblés en 3 grandes parties, intitulées chacune "Tidus", "Yuna" et "T & Y". Difficile de faire plus simple. Par contre, il y a deux intrigues traitées en parallèle, pouvant semer la confusion: les péripéties du couple Yuna/Tidus et les aventures d'un groupe de moines guerriers, protégeant des invokeurs sur une île inconnue pendant la guerre des machines, 1000 ans plus tôt. Une relecture sera nécessaire pour tout bien saisir.
Partie I: TIDUS
Le récit commence sur la bonne fin de Final Fantasy X-2, celle où Tidus (réincarné par la volonté des Priants selon sa propre théorie) remonte joyeusement à la surface de Besaid, au large de la plage. Le Celsius arrive en trombe au dessus de sa tête pour larguer dans ses bras Yuna, sa douce promise. La description est absolument fidèle à la conclusion du jeu avec le rassemblement public sur la crique. Au sein de la population, on compte évidemment Wakka, sa compagne Lulu la somptueuse arcaniste et leur enfant Vidin. Sauf que le happy-end va être de courte durée. En effet, Tidus va vite être en proie de questions existentielles lorsque quelques moments plus tard, Rikku lui raconte leurs exploits au sein des Albatros. Le blitz-balleur semble n'avoir manqué à personne (ce qui est faux) et le fait que Yuna reste toujours très demandée au sein des croyants de Besaid n'arrange pas les choses. Se sentant rapidement délaissé, sa jovialité légendaire va laisser place à une mauvaise humeur répétitive. Nojima nous fait bien sentir que la soliditidé du couple Yuna/Tidus va leur demander beaucoup de travail car ils sont trop différents. Errant sans but sur l'île, Tidus va faire une étrange rencontre en la personne de Bria, un pêcheur installé à Besaid depuis 1 mois. Pourtant Yuna arrive à se libérer et embarque son amoureux à bord de L'As des Aurochs, le navire d'entrainement de l'équipe de Wakka pour une croisière privée. Malheureusement suite à une violente tempête, le bateau est détruit et le couple dérive avant d'apercevoir au loin une île inconnue.
1000 ans plus tôt sur cette île, dans un bunker souterrain, une armée de moines guerriers défendirent corps et âme cinq invokeurs pendant la guerre des machines. Le récit se centre rapidement sur Kush, une jeune Invokeur et son Garde Valm. On retient aussi les noms d'Ifanahl (un autre Invokeur), d'Alb (le chef d'équipe) et ses étranges "machines" appelées Bedohls. Tout ce charmant petit monde va hélas au fil des heures subir un assaut massif des troupes zanarkiennes, venues tuer les invokeurs. Parmis leurs ames redoudables, l'intrigue s'attarde sur la bombe roulante maquillée en ballon de Blitzball.
Une excellente première partie mais confuse à la première lecture. L'intrigue du couple Valm/Kush nous est envoyée à la gueule un peu trop brutalement. Il m'a fallu une relecture pour comprendre qu'Alb était un traitre (donc responsable de l'assaut tragique) et que les Bedohls sont en réalité des humains (du moins pas tous, certains sont vraiment des machines). Une supercherie utilisée par ce peuple et Alb pour tromper les moines-guerriers durant l'attaque zanarkienne. J'ai aussi mieux saisi l'assassinat de Valm, commis par un bedohl revanchard amputé d'une main. Les noms de Valm, Kush, Ifanahl, Alb sont des pseudonymes empruntés sur des divinités de Spira, dont les statues à leur effigie sont présentes sur l'île. Le point le plus important à retenir reste la méthode utilisée pour concevoir les fameux coeurs de chimère, à savoir l'acte sexuel entre 2 êtres sentimentalement très liés! C'est la première polémique du roman. Et pourtant le récit nous apprend vite par les propos d'Ifanahl qu'il existent d'autres moyens donc les puritains peuvent être rassurés. Autre détail non négligeable: Yuna et Tidus couchent enfin ensemble (dans L'As des Aurochs juste avant d'être happé par la tempête). le récit arrondit les angles sans être clairement explicite mais ça va, on a bien compris et c'est dans l'ordre logique humaine.
Partie II: YUNA
Cette seconde partie est la plus courte avec seulement 30 pages occupées sur 280. Mais c'est symboliquement voulu car l'évènemement hautement tragique ayant provoqué les tollés au Japon clotûre cette partie, entièrement dédiée au couple Yuna /Tidus. Aprés avoir survécus à la tempête (mais pas le navire) et dérivés longuement par des moyens rudimentaires, les deux tourtereaux échouent sur l'île ayant servi de repère à l'armée de Valm et Kush 1000 ans plus tôt. En l'explorant, Yuna et Tidus découvrent qu'elle ressemble fortement à Besaid. Leur attention est portée par une multitude de statues parsemées ici et là indiquant des voies sans issues. Si les deux héros ne comprennent pas leur utilité, il m'a fallu de mon coté relire pour saisir que ces statues ne sont que des repères pour les nombreuses entrées camouflées du bunker souterrain. Des issues que Tidus et Yuna ne voient pas évidemment puisqu'elles sont cachées. Mais en continuant leur exploration, le couple tombe dans le guet-apens d'un Bedohl mécanique, vestige de la guerre des machines. Caché dans l'épaisse végétation, il envoie aux pieds de Tidus une bombe maquillé en ballon de blitz. Ne se méfiant pas du danger, Tidus s'approche au moment où l'explosion se produit. Resté en arrière, Yuna est épargnée tandis que la tête de son amoureux git à ses pieds. Un passage édifiant qui provoque en premier temps l'incrédulité la plus totale. Sauf que c'est bien réel et que Nojima se sert de cette tragédie brutale pour révéler une nouvelle capacité d'invocation à partir des furolucioles, l'énergie spirituelle représentant l'esprit des défunts. Le dialogue qui s'ensuit entre Yuna et Ifanahl ne nous le révèle pas tout de suite.
Partie III: T & Y
La dernière section est évidemment la plus riche en révélations mais étrangement n'est pas la plus marquante. Yuna et Tidus (qu'on retrouve de suite aprés le drame, on se dit forcément qu'il y a un truc!) vont permettre au trio Ifanahl/Kush/Valm de trouver la paix et d'être guidé dans l'Au-Delà. Le reste du casting de Final Fantasy X/X-2 est bien mis en avant lorsque Bria/Valm retrouve la mémoire et pète les plombs. On constate la volonté du jeune Shinra à découvrir davantage d'infos sur son peuple les Al Bheds (historiquement les Bedohls) considéré comme êtres inférieurs. Ce qu'il faut retenir de plus important dans cette partie, c'est le rôle des furolucioles permettant de se transformer en esprit incarné du défunt par la forte volonté de l'Invokeur. C'est ainsi que Yuna a fait revenir Tidus. C'est désormais un esprit incarné qui restera vivant tant que la prêtresse aux guns le restera.
Le plus marquant de cette dernière partie reste la nouvelle interprétation donnée à la cinématique in-game faisant office de fin parfaite à Final Fantasy X-2. Le roman se termine sur cette scène! Ce qui signifie que Tidus est déjà un esprit incarné dans cette cinématique se déroulant bien plus tard après les retrouvailles de Besaid. Les évènements du roman se glissent entre les deux fins "good" et "perfect" du jeu. Je m'interrogeais sur la réelle utilité de cette courte cinématique à l'époque, extrèment dure à débloquer. Je pensais que le scénariste s'en servait pour expliquer simplement la théorie du retour à la vie physique de Tidus (qui a été malheureusement de courte durée) face à une Yuna mélancolique (on comprend pourquoi) mais néanmoins heureuse (elle n'a pas le choix). En fait pas du tout, quoique... Pensait-il déjà à l'histoire du Prix de l'éternité? rien n'est moins sur.
Nojima est-il un sadique? Un fou? Un élucubrateur de pacotille? Un génie? Ceci est un autre débat mais ce qui certain avec ses histoires, c'est qu'elles transmettent la même passion: celle de comprendre.