Sorti il y a déjà un an et demi et comparé à Skyrim, j'en profite pour décrire les quelques 90 heures passées sur ce hit de l'année 2012 signé Capcom. Nul doute que son point fort reste son gameplay, très addictif avec son système de pion et ses créatures mythologiques immenses.
The Elder Scrolls à la sauce nippone.
Les parts de marché grignotées par le RPG occidental a permis à certains développeurs japonais de changer radicalement la direction artistique de leurs derniers produits. C'est le cas de Capcom avec cet ambitieux projet, lançant ainsi une nouvelle licence.
Tout commence le plus banalement du monde où un jeune villageois survit à l'attaque mortelle d'un gros dragon rouge à Cassardis, sa bourgade natale. Toujours en vie malgré son coeur arraché, il devient l'insurgé dont le destin est de vaincre la puissance bête ailée. La quête commence...
En plus de personnaliser son propre insurgé, on dispose d'un pion principal qu'il est aussi possible de modeler à sa guise. Ensuite, deux autres pions pourront être recrutés dans l'équipe parmi les innombrables avatars générés aléatoirement par le jeu.
Il faut penser à changer régulièrement ces deux pions en fonction du niveau de votre personnage sans quoi ces alliés deviendront vite des boulets. Au total, neuf classes (guerrier, rodeur, mage, chasseur, champion, sorcier, paladin, assassin, archer magique) permettront de choisir votre style de combat selon vos préférences.
La nuit tombe, on flippe...
Avec l'impossibilité de se téléporter (du moins au début), il est indispensable de bien se préparer avant de parcourir les vastes plaines de Granys. En priorité, l'acquisition d'une lanterne est primordial car sinon, c'est l'exploration à l'aveuglette qui vous attend avec de gros monstres près à vous bondir dessus. Il faut aussi penser à recharger sa lanterne car sa consommation d'huile n'est pas infinie.
J'ai rarement vu un mode nuit aussi efficace et par moment on est pressé de basculer en mode jour pour mieux se sentir à l'aise dans l'environnement. N'oublions pas que ce RPG offre un gros bestiaire à la taille souvent impressionnante. Rien de rassurant donc.
Gran Soren, l'impériale cité.
Aprés le village de pêche, on atteindra vite Gran Soren non sans moult péripéties. L'attaque de l'hydre à la légion des pions par exemple reste inoubliable. La capitale de Granys est gigantesque et même Skyrim ne réussit pas à offrir une ville aussi immense. En contrepartie, beaucoup de portes d'habitations sont condamnées. Malgré cette restriction, il y a beaucoup à voir et il en faudra du temps pour en faire le tour.
Les nombreuses et étroites ruelles auront vite fait de vous désorienter. La consultation de la carte sera nécessaire lors de vos premières explorations puis la mémorisation des différents magasins devrait permettre de s'y retrouver grace à leur localisation.
Granys aussi vaste que Bordeciel?
Non, on en est même très loin. A part les grandes étendues autour de la capitale et la vaste plaine au sud de la région, la plupart des lieux sont vite cloisonnés. La superficie de Granys est bien moins vaste que le géant Skyrim: autant comparer David face à Goliath.
A défaut de dépasser et même d'égaler le maitre sur la richesse d'exploration, le RPG de Capcom a un atout de taille: son bestiaire. Les créatures mythologiques faisant les beaux jours de l'heroic fantasy (Golem, chimère, griffon, dragon...) se sont données rendez-vous à Granys. Les affrontements sont bien plus homériques que le monument de Bethesda avec un zeste de Shadow of the Colossus grace à la possibilité d'escalader les grosses bébètes: un beau lot de consolation pour le joueur!
Il faut faire attention au système de quêtes annexes assez punitif si on progresse trop vite dans l'aventure principale. Certaines missions seront annulées et rendront des lieux secondaires inaccessibles empêchant de retourner le jeu de fond en comble. Les intrigues en parallèles sont assez nombreuses et atteindre le bout du tunnel est faisable, contrairement à un Skyrim inépuisable.
Un système de combat bien calibré.
Certains avis sur la toile s'attaquent à l'intelligence artificielle de ce RPG en traitant les pions d'idiots. Des propos me laissant sceptique vu que je n'ai pas eu de gros problèmes dans le soutien de mes alliés. Pour que ça marche, il faut impérativement bien gérer l'inventaire de chaque pion. A partir du moment où il dispose des items nécessaires, il saura faire le bon choix pour se soigner et vous soutenir. Au joueur de bien s'occuper de ses pions et ils le lui rendront bien.
L'impossibilité de se téléporter pendant une bonne partie du jeu peut également frustrer mais l'acquisition d'une pierre (couteuse) saura vous délivrer de cette contrainte. Attention à l'utiliser à bon escient en fonction du danger et de l'équipement disponible sur le terrain, faisant la force de Dragon's Dogma.
La volonté de débloquer de nouvelles classes avec des compétences toujours plus puissantes assure un cachet de qualité à l'efficacité indiscutable. Les pièces d'armures sont variès et l'inventaire d'armes particulièrement riche. Mais la bourse devra être garnie en conséquence pour s'offrir l'équipement de ses rêves. En y mettant le prix, on peut s'allouer une main d'oeuvre à la puissance attendue.
Le choix online pour l'achat de pions est bien plus intéressant à condition d'opter pour une attitude chronophage. Les prix de certains avatars donnent envie de pleurer, surtout en pensant aux nombres d'heures joués par leurs propriétaires.
Le gros bémol est le casting absolument transparent. Les stars, ce sont Granys et son bestiaire. N'oublions pas aussi l'unique plot de sauvegarde, une autre défaut surtout pour des joueurs privilégiant au minimum deux sauvegardes lors d'une partie.
En conclusion, on est en face d'un très bon RPG mais avec une identité visuelle impersonnelle et une réalisation technique par moment perfectible. Pourtant, ses grandes qualités parviennent à captiver le joueur et c'est plus que suffisant.